Ce n’est pas parce que tu n’as pas dit non… que tu étais d’accord
- Lena Arnera
- 19 juin
- 3 min de lecture

Repenser le consentement, réapprendre à poser ses limites
Il y a des "oui" qui sonnent faux. Des silences qui disent "non". Des sourires qui masquent une déconnexion intérieure. Et il y a cette fatigue, ce flou, ce sentiment de s’être trahi sans savoir à quel moment.
Dans ma pratique de coach, je rencontre souvent cette question difficile : Pourquoi ai-je dit oui alors que je ne voulais pas ? Ce que l’on appelle le people pleasing – cette tendance à vouloir plaire à tout prix, à se conformer, à éviter le conflit – n’est pas une simple gentillesse excessive. C’est souvent une stratégie de survie apprise très tôt.
Quand l’enfance enseigne le silence
Un enfant qui découvre que ses émotions ne sont pas les bienvenues – que pleurer, dire non, s’affirmer entraîne rejet ou punition – comprend vite ce qu’il doit faire pour rester aimé :
être sage,
se faire petit·e,
dire oui même quand il ou elle pense non,
deviner les attentes et y répondre avant qu’elles soient formulées.
Ce mécanisme de soumission implicite, souvent inconscient, forge des adultes qui s’excusent d’exister, qui doutent de leurs besoins, et qui pensent que dire non, c’est être égoïste ou méchant.
À l’âge adulte : quand le danger n’est plus là, mais que le schéma reste
Ce conditionnement ne disparaît pas tout seul. Il devient une réaction automatique :
✔️ Tu anticipes les besoins des autres,
✔️ Tu acceptes des choses sans même y réfléchir,
✔️ Tu culpabilises à l’idée de décevoir,
✔️ Tu t’effaces dans tes relations, professionnelles ou intimes.
Et dans l’intime, cela peut devenir dramatique : on pense avoir consenti, mais ce n’était pas un oui. Ce n’était pas du désir, c’était de la peur, du gel, du conditionnement.
Le vrai consentement, c’est quoi ?
Le consentement authentique, ce n’est pas juste ne pas dire non. C’est dire oui librement, en conscience, avec enthousiasme, et pouvoir revenir dessus à tout moment.
🔑 Il est libre : tu peux dire oui ou non, sans pression.
🔑 Il est éclairé : tu comprends à quoi tu dis oui.
🔑 Il est enthousiaste : tu le ressens dans ton corps.
🔑 Il est réversible : tu peux changer d’avis, à tout moment.
Dire non ne veut pas dire être dur·e ou ingrat·e. Dire non, c’est se respecter. C’est se dire oui à soi.
Comment réapprendre à se dire oui ?
Bonne nouvelle : ces schémas ne sont pas une fatalité. Ils peuvent se transformer avec douceur, écoute et courage.
🧭 1. Revenir à son corps
Beaucoup de nos “oui” automatiques viennent du mental.
👉 Exercice : La prochaine fois que tu t’apprêtes à dire oui… arrête-toi une seconde. Respire. Observe : ton corps se tend-il ? Ton ventre se noue-t-il ? Ton cœur se ferme-t-il ? Le corps sait. Apprends à l’écouter.
🧭 2. Identifier ses schémas
👉 Exercice d’écriture : Rappelle-toi 3 situations où tu as dit oui alors que tu ne le pensais pas. Qu’est-ce qui t’a poussé à accepter ? La peur ? La culpabilité ? L’envie d’être aimé·e ? Note-les.
🧭 3. S’entraîner à dire non
👉 Exercice concret : Commence petit. Dis non à quelque chose de simple cette semaine (refuser un appel, décliner une invitation). Observe comment tu te sens. Félicite-toi.
🧭 4. Prendre soin de sa sécurité intérieure
Pour dire non, il faut se sentir en sécurité. Apprends à te valider toi-même, à reconnaître que ton besoin, ton émotion, ta limite, sont légitimes, même si l’autre ne les comprend pas.
En conclusion : dire non, c’est un acte d’amour envers soi
Tu as le droit :
de poser des limites,
de changer d’avis,
de ne pas tout expliquer,
de t’écouter même si ça déplaît,
de ne plus te sacrifier pour être aimé·e.
👉 Et si c'était ça, la vraie gentillesse ? Une gentillesse envers toi-même.
💬 Et toi, à quel moment as-tu dit oui alors que tu pensais non ? Qu’as-tu ressenti ensuite ? Je t’invite à partager ou à t’écrire. Parce que la conscience, c’est le début du changement.
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